“LA LINGERIE”

Qu’est-ce que tout cela signifie pour moi ? Le lavage, pour une Asiatique comme moi, a toujours été un acte important de la Semaine Sainte, un rituel presque inoubliable et indispensable dans la paroisse où je suis née comme dans l’Église universelle. Je n’avais aucune idée des coutumes européennes ou des interprétations culturelles de tout ce que l’acte de “laver” exprime, car en Asie, c’est “baiser la main” comme un acte d’amour, de respect et de reconnaissance de la personne que nous estimons, acceptons et considérons comme digne de notre affection et même de notre obéissance.

Dans mon enfance, le jeudi saint était célébré de manière spectaculaire, avec plus de lumières et de couleurs dans les vêtements du célébrant et des “douze” apôtres sélectionnés pour la messe, avec de beaux autels, des chants sentimentaux et profonds. Je pense que je n’ai pas compris la liturgie pendant de nombreuses années et il est vrai que cela doit être quelque chose de plus en raison de tout ce qu’implique le Jeudi saint dans l’Église. Ce malentendu fait courir un grand danger à tout ce qui est important, comme le fait de donner le respect et l’amour que l’Eucharistie nous invite à donner.

En Jn 13,1-15, nous retrouvons la même confusion que Pierre, se sentant indigne du Maître qui lave les pieds de ses disciples… Quel geste profond et quel acte d’amour pour les “petits” de cette société et de cette époque ! Dans l’Eucharistie, l’archevêque de Madrid a mis l’accent sur l’implication des pieds… “qui soutient notre corps”, qui maintient notre être sur le chemin de la vie.

Pour moi, elle m’invite à voir davantage ce que j’ai entendu et lu sur cet acte de Jésus avec ses disciples. Cela m’amène à me demander ce que signifie pour moi le lavage du Seigneur lors de la dernière Cène. Cela n’a rien à voir avec le statut de “maître-disciple”, pour moi, c’est le geste d’affection qui fait tomber les murs et effondre les frontières entre les gens. C’est un geste d’intimité, d’appréciation, de bonté, de pardon et de tendresse que seul Dieu est capable de nous faire pénétrer. C’est une porte à laquelle les mots sont superflus, que le geste silencieux est vraiment le remède à nos blessures, que le toucher affectueux pénètre jusqu’à l’âme. Elle nous fait revenir aux caresses de Dieu dans la solitude, dans les moments difficiles où nous crions en silence devant le tabernacle, où nous cherchons de l’aide dans la nuit de notre foi… c’est là, c’est là que nous trouvons une réponse à nos délires, à nos confusions de vie et aux moments où les hommes sont incapables d’atteindre ou de comprendre. Dieu est toujours celui qui nous cherche et parfois nous le cherchons dans les heures difficiles de la raison, en nous sentant proches dans le silence, à l’intérieur du cœur malgré l’incertitude et l’incompréhension.

Notre expérience humaine nous donne une idée de la manière d’interpréter ce grand geste d’amour de Jésus pour ses disciples. Nous savons tous ce que c’est que d’avoir un ami et de lui dire au revoir ou de nous dire au revoir. Tout ce qui implique un départ marque un point important dans notre propre histoire. Pour Jésus, qui est “l’un de nous”, le fait de se ceindre d’une serviette, de s’agenouiller et de laver les pieds peut donner un sentiment de gratitude pour avoir été avec lui jusqu’à ce moment, pour avoir cru en lui et l’avoir suivi sur les routes. Nous pouvons croire que Jésus l’a fait pour les avoir connus lorsque ces pieds ont marché et travaillé avec lui, tant sur les montagnes de la prière que dans la vie publique. C’est leur joie d’avoir des amis, de partager leur joie et leurs moments d’épreuve vers la fin.

Nous voyons que Jésus, de manière personnelle, a touché les pieds tels qu’ils sont, s’est souvenu avec des gestes d’affection de chacun de ses amis afin qu’ils soient fortifiés dans la promesse de sa présence et encouragés sur le chemin. Il a compté et confié ces personnes afin que le rêve de Dieu puisse se réaliser et se poursuivre. Les Douze, eux aussi, ont douté et échoué comme presque tout le monde, mais, vers la fin de leur vie, ils ont partagé la coupe de Jésus. Ils ont vécu leur vie avec humilité, leur confiance en Dieu, une vie de service sans mesure, un abandon total pour le bien du Royaume. 

MVPR

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