PRONTITUDE
- Hnasmdro
- febrero 28, 2022
- Sin categoría
- 0
- 267
Lorsque j’étais novice, nous avons eu l’occasion de regarder un film intitulé “Departure”. Le titre lui-même évoquait des sensations aéronautiques, des vols ou des aéroports. Mais, étonnamment, il s’agissait de la noble tâche de préparer les corps pour l’enterrement. Il a représenté les soins, le respect et l’entrée dans cette étape où l’on donne le dernier respect à un corps créé avec dignité. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à penser et à réfléchir au mystère et à la dignité de la mort. Tout d’abord, j’ai vu et compris dans le film à quel point un homme peut être noble en préparant les derniers vêtements et détails d’un autre être humain pour son entrée dans l’autre vie.
Dans 1 Cor 15:55, il est dit : “Où, ô mort, est ta victoire ? Où, ô mort, est ton aiguillon ?” La mort, un mot que j’ai moi-même si peur de prononcer et de regarder la vérité en face. En fait, je frémis à l’idée de ma propre mort ou de celle de la personne la plus importante de ma vie. Les expériences de la mort d’amis chers, d’un frère, d’un père, de mes grands-parents et de membres de ma propre communauté m’ont transpercé au plus profond de moi-même comme elles le feraient pour beaucoup d’autres. Tout ce que je peux demander au Seigneur, c’est la force et le réconfort que je souhaite à tous ceux qui traversent cette expérience difficile.
Depuis le début de l’année 2022, j’ai assisté à une demi-douzaine d’enterrements, principalement de femmes, mais l’un d’entre eux était le père de notre propre sœur dans la communauté. En fait, j’avais l’habitude de participer à ces œuvres de miséricorde avec ma grand-mère depuis que je suis enfant. J’ai été témoin de l’amertume et des difficultés liées à la mort, au décès, ainsi que de la douleur ressentie par ceux qui restent derrière et de la culpabilité ou du sentiment de vide dû à la perte d’un être cher. Les adieux sont souvent accompagnés de sanglots. La vérité est que la plupart d’entre nous étions prêts à vivre, mais pas aussi conscients de rencontrer un jour la fin de la vie. La plupart d’entre nous ont vécu en pensant à la sécurité et à la confiance, comme si le lendemain ne finissait jamais, que nous pouvions défier n’importe quelle tempête. Nous nous assurons de la continuité, d’une quantité suffisante de grain dans l’étable. Nous pensons à nos dépenses et à notre bien-être futurs… Nous pensons de moins en moins aux autres et pire, nous nous reposons sur nos garanties et nos assurances que tout le monde ne partage pas.
Dernièrement, avec cette redoutable pandémie, la vie des gens a été mise à rude épreuve. En fait, nous avons été globalement secoués comme si nous étions balayés du sol que nous considérions autrefois comme une base sûre et solide. En effet, Covid 19 nous a tous éveillés à ce sentiment d’unité, de limitation, d’impuissance comme pour toute l’humanité. Nous en avons fait l’expérience directe, dans nos propres communautés ! Nous étions tous vulnérables et nous le sommes toujours, c’est un grand risque presque partout où nous allons, même dans nos propres maisons si le virus s’y nourrit.
De nombreux sages disent que personne ne se prépare ou n’est prêt pour la mort, pas les plus forts, pas les plus riches, pas les plus doux. Mais la vérité du mystère est que nous mourons comme nous avons vécu. Il ne reste qu’un seul espoir, Jésus est notre chemin vers la résurrection. Ainsi, saint Paul nous rappelle en Romains 8,11 : “…si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels par son Esprit qui vit en vous”. La mort n’a aucun pouvoir sur lui.
Un slogan commun depuis mars 2019, lorsque le Covid a fait le tour du monde, était : “Restez en sécurité, restez chez vous”. Je crois en une déclaration puissante du pape François lors de ses audiences publiques, “notre salut est de retourner dans notre propre maison”. Il s’agit donc d’une invitation à rentrer chez nous, à nous plonger dans nos cercles intérieurs, dans nos cœurs. Pour construire notre vie intérieure, pour cheminer vers ce don de Dieu avec gratitude et solidarité, pour tendre la main à ceux qui en ont besoin, notre épaule dans les moments difficiles de la vie, dans les moments de douleur et de perte. Notre monde a besoin de notre fragilité pour nous aider à construire ensemble la force, pour
pour reprendre courage dans les pires moments de l’existence comme Sainte Catherine, pour fortifier, aider à pardonner et à réconcilier. Ainsi, nous commençons à affirmer par la foi en Dieu et les uns dans les autres que nous ne sommes pas différents du reste du monde, que nous sommes également créés avec dignité, également dotés de présence, de son abondance avec la grâce d’un Créateur pour nous insuffler son Esprit de vie.
Nini Rebollos